Chapitre 4
Partie I : Chapitre 4
N’ayant même pas le temps d’énoncer ma passionnante histoire, d’autres voix vinrent nous interrompre. Deux personnes nous faisaient de loin de grands signes pour nous indiquer leur présence.
Combien étions-nous encore ? Je savais qu’ils étaient également dans ma situation, même si je préférais leur réserver le même traitement que la voleuse, ils ne ressemblaient pas à de terribles bourreaux.
Lorsqu’ils arrivèrent près du feu, je pris à nouveau les devants pour marquer une frontière entre nous. Je ne les connaissais pas, ils ne me connaissaient pas, la seule chose qu’eux et moi avions en commun, c’était cette forêt.
-Ne vous approchez pas de nous, dites-nous plutôt ce que vous voulez.
Je ne savais toujours pas s’ils étaient réellement aussi perdus que moi, tout ceci ne devait être qu’un rêve ou quelque chose d’irréel. Ces gens n’étaient peut être que des illusions créées par mon esprit, je devais bel et bien être dans un endroit que moi seule connaissait.
-Vous êtes les deux premières personnes que l’on a vu depuis notre arrivée, nous espérions pouvoir être renseignés sur cet endroit.
La première personne à m’adresser la parole était une femme dont le visage m’était totalement inconnu faisant de l’ombre à un jeune garçon ne dépassant probablement pas les dix-sept ans. Même si nous étions toujours en petit comité, les choses semblaient s’accélérer à une vitesse folle, alors que je venais de mourir, quelques instants plus tard, j’étais déjà accompagnée de trois autres personnes dans mon cas.
-Vous aussi vous venez de mourir, n’est-ce pas ?
Aucun des deux ne répondit. Ce silence laissait entendre que c’était bien le cas, nous étions quatre. Combien d’autres personnes allaient ainsi nous retrouver ? Qui d’autre allait aujourd’hui mourir ?
Nous étions étrangement calmes, malgré cette folle situation, chacun de nous essayait de se retenir sombrer, mais la tension existait bien.
Seul ce jeune homme gardait plus ou moins bien son sang froid et vint s’asseoir autour du feu, nous faisant découvrir sa voix.
-Pourquoi as-tu fait ce feu s’il ne nous réchauffe pas ? J’ai beau le toucher, mais je ne ressens aucune brûlure, aucun mal, comme je ne ressens aucune faim, aucune fatigue, aucune soif et aucune envie d’uriner. Je ne sais pas si vos derniers souvenirs sont joyeux, mais les miens sont plutôt chaotiques et je pense que d’une certaine façon, les vôtres le sont tout autant que moi, si ce n’est plus. Pourquoi sommes-nous seulement quatre à être ici ? Avez-vous quelque chose à vous reprocher ?
Tous autant que nous étions, cette question nous retourna l’estomac. J’avais commis des actes pouvant être punis par Dieu au niveau de mon comportement avec les hommes, et Solenne à cause de ses cambriolages. Qui savait ce que ces trois personnes avaient réellement fait ? Comment en être sûre ?
Il reprit alors à nouveau la parole.
-S’ôter la vie, est-ce un péché ?
Chacun de nous semblait avoir un passé différent, j’avais commis le pêché de chair, la voleuse avait volé, le suicidé s’était ôté la vie, mais l’autre femme restait étrangement silencieuse. A aucun moment elle sous entendit qu’elle aussi avait commis des fautes, et elle réagit plutôt violemment lorsque je lui demandai.
-Comment osez-vous ? Croyez-vous sincèrement que j’aurais pu commettre des actes pouvant être punis ? Je n’ai jamais nuit ni à moi-même, ni à autrui, ce n’est pas à moi qu’il faut demander cela.
La voleuse coupa de plein fouet sa courte tirade, laissant comme un fossé entre elles, celui de leurs différences. Pourtant, son histoire était paradoxale, alors qu’elles se disputaient, j’essayais de comprendre.
-Tu dis être la seule à n’avoir rien fait, mais comment est-tu morte ?
Notre mort avait eu une influence directe sur le pêché commis, mais cette femme semblait s’efforcer d’être sincère ; soit elle nous mentait, soit rien de ceci n’était logique.
-Me prendriez-vous pour quelqu’un qui partage vos vies de ... dépravées ? Ma mort a été des plus naturelles ; quant à ma vie, elle a sûrement été plus saine que la votre !
Quelle comédienne…